Un agent littéraire, qu’est-ce que c’est ?

14 stations, pas une de moins : vous connaissez peut-être, en tant que jeune auteur, toutes les étapes du chemin de croix pour se faire publier, de la condamnation de votre si beau roman à sa mise au tombeau par les éditeurs auxquels vous l’avez envoyé. La formule à peine polie, on la connaît tous désormais : malgré ses qualités évidentes, votre manuscrit n’a pas retenu l’attention de notre comité, et bla bla bla, plus des variations sur le même thème affligeant. C’est donc peut-être le moment d’essayer les services d’un agent littéraire.

Ils sont à la littérature à peu près ce que les délégués médicaux sont à la pharmacie. Intermédiaires entre l’auteur et l’éditeur, puis généralement le milieu littéraire, les agents littéraires pratiquent en Afrique un métier encore largement méconnu, voire méprisé par endroit.  Pourtant, leur rôle est essentiel, tout comme le métier de bibliothécaire dont je vous avais déjà parlé dans cet article. L’agent littéraire, qu’il soit auto-entrepreneur,  travailleur en freelance ou pour le compte d’une agence, est un professionnel dont le rôle est de représenter les auteurs en vue de vendre leurs œuvres à une maison d’édition et de négocier leurs droits.

Pauline Ongono, Agent littéraire Camerounaise

Le principal rôle de l’agent littéraire est de servir d’intermédiaire / de représentant de l’auteur.e auprès de l’éditeur et des autres maillons de la société. Il assure les négociations sur le plan juridique, et en amont, s’assure de la bonne qualité de l’écriture et de l’image de l’auteur.e, indique Pauline Ongono.

Pour rester donc dans la métaphore biblique, l’agent littéraire sera votre Simon de Cyrène : il vous aidera à porter votre croix. Sa mission est d’aider l’auteur dans son travail d’écriture. Il procède à la relecture et à la correction éventuelle du manuscrit. Il peut, par exemple, pour un romancier, donner des conseils sur comment écrire un bon roman. Ensuite, il conseille l’auteur dans le choix d’un éditeur, s’occupe de la négociation des contrats. Il doit aussi assurer le suivi juridique et financier de l’œuvre. Enfin, l’agent littéraire assure le suivi promotionnel dans les librairies (stock, visibilité, etc.). Il participe, pour le compte de l’auteur qu’il représente, à des événements littéraires, et s’occupe de la négociation des droits d’adaptation au théâtre, en télé ou au cinéma.

Profil de l’agent littéraire

L’agent littéraire possède des compétences littéraires, éditoriales, juridiques, commerciales et internationales. Selon Jules Degni, agent littéraire ivoirien, l’agent littéraire est un expérimenté du milieu des écrivains. Il connaît le fonctionnement de l’édition, de la presse culturelle, de l’écriture d’une œuvre. Pauline Ongono ajoute qu’il faut aimer le métier, aimer la  littérature, connaître le milieu dans une vaste étendue, savoir établir la confiance avec l’auteur, savoir le comprendre ainsi que tout ce qui l’entoure ou qui lui tourne autour, considérer l’évolution de l’auteur comme sa propre évolution, pour faire un bon agent littéraire. Encore peu connu, le métier n’est pas réellement valorisé en Afrique : « Rares sont les auteur.e.s qui acceptent de se laisser accompagner. Les éditeurs aussi ne voient pas toujours d’un bon œil qu’un intermédiaire discute avec eux », déplore Pauline Ongono. Et Jules Degni de renchérir : « L’agent littéraire a du mal à faire un bon contrôle du parcours du livre car des fois les points de vente des livres sont nébuleux surtout avec les éditeurs. Certains écrivains ne respectent pas leur parole de rémunérer les agents littéraires qui devraient vivre de ce métier. » Dans ce contexte, les agents littéraires ont pour la plupart, du mal à vivre de leur métier en Afrique.

Importance de l’agent littéraire dans la réussite d’une carrière

Peut-on aujourd’hui réussir une carrière littéraire sans les services d’un agent littéraire ? Oui, répond Pauline Ongono, à condition d’avoir en soi, en tant qu’écrivain, les qualités d’un agent littéraire.

Jules Degni, Agent littéraire Ivoirien

Certains écrivains peuvent réussir seuls si leurs œuvres sont bien accueillies par le public. Des écrivains comme Bernard Dadié, Léopold Sedar Senghor, Sony Labou Tansi et autres ont fait un bon parcours dans le milieu des écrivains. Mais le monde change et le public s’est agrandi. L’agent littéraire est celui qui fait le travail en amont et en aval de la production littéraire pour rendre plus visible le livre. Donc aujourd’hui, il est important de demander les services d’un agent littéraire averti, considère Jules Degni.

Il ne vous sera donc peut-être pas utile d’attendre de tomber pour la troisième fois, pour aller voir du côté d’un agent littéraire, un métier qui a sa place, selon le mot de Pauline Ongono. Si l’agent littéraire est bienveillant et efficace, il abrègera votre pénitence pour faire de votre œuvre, pourquoi pas, un classique littéraire. Et peut-être sera t-il une chance pour éventuellement révéler (enfin) au monde, le prochain Nobel de la littérature qui sommeille en vous. Ainsi, vous ferez définitivement une …croix sur l’échec à publier ou à être reconnu. Amen.

Vous pouvez découvrir ici le blog Linelitt’ de Pauline Ongono

Retrouvez ici Jules Degni sur Facebook

Publicité

4 réflexions sur “Un agent littéraire, qu’est-ce que c’est ?

  1. Bel article apprécié. Merci Carmen.👌

    Aujourd’hui, l’AL intervient à toutes les étapes et c’est un grand risque car difficile par exemple pour les nouveaux auteurs de le payer au juste prix…

    Difficile aussi pour un AL de se faire rémunérer, normalement au pourcentage, dans la conjecture actuelle où la vente des livres est devenue une vraie gageure et directement liée à la notoriété des auteurs.

    Il y a très peu de garantie surtout lorsque auteur et AL sont novices.

    Se faire accompagner a effectivement un coût et est difficile à accepter puisque se faire publier ne devrait pas être coûteux pour l’auteur, de quelque manière, mais plutôt lui rapporter de l’argent et le faire vivre: un statut de privilégié de plus en plus rare…

    Avant l’AL intervenait pour booster vente et notoriété et avait tout intérêt à être excellent pour gagner ‘sa pitance’ .
    À l’heure actuelle, avec tous les refus quasi systématiques des maisons d’éditions, le métier a évolué pour permettre à chaque écrivain.e de se faire légitimement une place. Mais la rémunération reste un frein principal pour celui qui écrit et celui qui aide à porter le livre…

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s