Mon inoubliable semaine rémoise

Sur les hauteurs de Laon après une recontre en classe théâtre au Lycée Paul Claudel

Le champagne est le plus noble des breuvages qui soient, et ses bulles sont telles des étoiles qui parsèment, le temps d’un battement de cils, le ciel de votre palais, et qui y pétillent une éternité encore plus tard, du moins dans votre souvenir, si le cépage est de noble extraction. C’est certainement pour cela que je garde en bouche, le goût sublime de mon dernier séjour hexagonal, et en moi ce texte sans l’accouchement duquel je ne pourrai réellement pas me reposer des turpitudes de ces derniers jours. Il est des parturitions assez urgentes en effet…

J’évoquais tantôt le champagne car il symbolise Reims, une charmante ville de la bien nommée région Champagne-Ardennes, également reconnue comme la cité des papes. J’y ai été invitée par l’association Nova Villa en septembre, dans le cadre de la saison Africa 2020, pour évoquer mon travail d’autrice de théâtre en Afrique. À cette occasion, j’ai passé le plus merveilleux des séjours en hexagone, et j’ai rencontré une belle brochette de personnes uniques, mais qui partagent quelques qualités avec les bulles de champagne : elles sont pétillantes, elles sont élégantes et elles sont nobles. Une champenoise semaine bullesque que je vous dis ! Je vous présente ici ces pépites, dans une distribution pas du tout aléatoire, puisque c’est l’ordre dans lequel je les ai rencontrées.


Valérie, comme un avant-goût de bonheur


Professionnelle, et tout aussi chaleureuse et humaine, Valérie personnifie ma première rencontre avec Nova Villa à Reims, sur les quais du TGV Champagne-Ardennes. Bienveillante et très inquiétée par le retard de mon arrivée, elle m’a préfiguré d’emblée la bonne impression qui ne se démentira plus, de l’association Nova Villa. Je passerai le reste de mon séjour à l’apercevoir de temps à autre, toujours studieuse, derrière son bureau du Cellier, ou attentive à suivre les différentes interventions. Je garde d’elle le souvenir d’une femme mesurée, soignée et charmante, attentive et à l’écoute.


Joël, breton et chef d’orchestre

Joel Simon, entouré des quatre filles du programme consacré au théâtre

Le Directeur Joël Simon est d’origine bretonne. Il dirige l’association avec une maestria qui déteint sur tout le reste. C’est un homme affable, engagé, et profondément habité par les valeurs que porte Nova Villa. Je l’ai trouvé très humain, attentif et attachant, sans être condescendant. Il l’a répété peut-être quarante fois : c’était très important pour Nova Villa de nous recevoir. Et moi donc !
Joël a été prévenant, attentif et disponible pendant tout le temps. Il a été un excellent hôte, un formidable guide (confère la découverte des Ardennes et du renommé Woinic), un charmant devancier, et la liste des qualificatifs devrait pouvoir s’allonger. Avec lui, son épouse Brigitte Simon a été une hôtesse discrète et efficace, aux côtés de leurs amis, les André chez qui nous avons été honorés de deux dîners fort animés et arrosés… de champagne de Reims, bien entendu. Comme nous avons trinqué, et discuté et gambillé comme des dingues !
Je garde néanmoins, une légère frustration : Joël Simon a passé tout le séjour à rebaptiser tout son monde, sauf moi. Maigre lot de consolation : il a confié trouver mon nom de famille charmant. Et quand on sait que Toudonou veut dire « résilient », l’on ne s’étonnerait pas que je me contente de cette marque de distinction, restant ainsi maîtresse de moi-même (Joël comprendra  »maîtresse » à tort ou à raison).


Jeanne, l’engagée

Jeanne Diama au premier plan

Jeanne Diama est une jeune dramaturge et comédienne malienne, qui porte avec grâce, un engagement admirable en faveur de tous les combats de la gente féminine malienne. Avec une grande passion, qui confine à la ferveur, elle a expliqué son cheminement pour parvenir à imposer son théâtre de proximité à Bamako. À la ville, c’est une jeune fille enjouée, décomplexée et attachante que j’ai adoré côtoyer pendant ces jours. Toujours à l’affut des bons plans, elle a été une très bonne guide dans les dédales des rues rémoises, elle qui était déjà sur place quelques jours avant notre arrivée, et qui reste en résidence d’écriture à Reims après le départ des autres filles. Ensuite, un certain projet autour de macarons roses devrait pouvoir nous réunir à nouveau… To be continued, avec ou sans piment (Jeanne sait ce que c’est, et elle n’en vend pas).

Marcelle Sandrine, ma sœur d’un autre pays

Marcelle Sandrine Bengono (à droite) avec Patricia Gomis

Premier rendez-vous manqué entre Marcelle et moi : nous étions censées effectuer le trajet Paris-Reims côte-à-côte dans le TGV, mais par un concours de circonstance, la chose ne s’est pas faite. Est-ce par envie de revanche sur le sort ou par simple hasard, nos atomes crochus se sont très vite liés, pour ne plus se séparer quasiment pendant tout le séjour. D’ailleurs, la question : « vous vous connaissiez déjà ? » était ensuite récurrente, tant nous étions complices, Marcelle Sandrine Bengono et moi.
Ma sœur d’un autre pays est dramaturge, comédienne et chanteuse, originaire du Cameroun. Nous avons longuement parlé théâtre bien entendu, de nos thèses en préparation, de sororité, et d’autres choses plus intimes encore, et je me réjouis de ce qu’elle sera bientôt au Bénin pour une résidence d’écriture, et que je la reverrai bien vite. Superflu de dire que nous avons des projets. Et je serai bientôt marraine…

Vanessa, mon coup de cœur absolu

Avec Vanessa Gaunel

Vanessa Gaunel, pour moi, jusqu’au deuxième jour de mon odyssée rémoise, n’était que quelques sourires, des rires souvent entendus et une présence remarquable. Il a fallu ensuite qu’elle m’emmène pour ma rencontre littéraire au lycée Libergier pour que je me découvre avec elle une incroyable convergence de vue sur les questions de l’éducation, de la condition féminine, bref, sur les problématiques existentielles. À la fois légère mais si profonde et si pertinente, elle m’a marquée par ce petit quelque chose que l’on ne saurait définir, mais qui fait que vous aimez une personne ou pas. Définitivement.

Charlotte la discrète-efficace


Charlotte doit être l’une des plus jeunes personnes de l’équipe de Nova Villa. Professionnelle et à disponible, très discrète aussi, sa timidité affichée cache pourtant mal une passion débordante, et un entrain au travail qui ne s’est jamais démenti tout le long de mon commerce avec Nova Villa. Je garde d’elle le souvenir de notre course-poursuite aux trousses du temps, pour mon test PCR à Reims la veille de mon départ. Je la supplierai, lors de mon prochain passage, pour qu’elle me fasse découvrir son petit coin de paradis, cette forêt au milieu de laquelle elle vit, et où musardent les cerfs et les sangliers.

Isabelle la pétillante

Isabelle Leseur, entre Marcelle Sandrine et moi

Isabelle Leseur est la présidente du conseil d’administration de Nova Villa depuis plus de vingt ans. D’elle, je dirais qu’elle est virevoltante et chatoyante. Profondément concernée par les questions de l’éducation de l’enfance et de la jeunesse, y compris par le théâtre, elle incarne avec prestance et passion toutes ces causes importantes, avec une curiosité de l’autre tout à fait touchante et admirable. En chemin pour le retour, j’ai lu un article qu’elle signe sur le théâtre pour les bébés, qui n’a fait que confirmer tout le bien que j’ai pu penser d’elle. Chacune de ses présences m’a procuré un bonheur apaisant que je ne suis pas près d’oublier.

Julien au cœur sur la main


Julien fait partie du personnel du Cellier, institution qui abrite le siège de l’association Nova Villa. Très dévoué à son travail, il s’est offert spontanément pour accompagner une petite équipe de shoppeuses dont je faisais bien entendu partie, un de ses jours de repos. Souriant, prévenant et disponible, « Juju » m’a marquée, tout comme il a marqué les autres filles du programme. Mais je parle ici pour moi. Avec lui, je salue l’accompagnement des autres membres de l’équipe, dont le monsieur-souriant-derrière-la-vitre et la fille-aux-cheveux-bleus.

Yolande-petit-piment

Yolande Pehe, entre Marcelle Sandrine et Jeanne Diama

Yolande Pehe, aka Yvonne, aka Simone (Gbagbo ?), comme a pu la renommer Joel Simon à plusieurs reprises, est une dramaturge et comédienne ivoirienne, étudiante en master de théâtre à Lille en France. Avec Jeanne, Marcelle et moi, elle a fait partie du programme consacré aux écrivaines de théâtre. Cette nature déterminée et fort douée a contribué à rendre la collaboration agréable et passionnante. À son contact, comme au contact des deux autres filles, l’échange a toujours été franc et cordial, ce qui a révélé une formidable dynamique du groupe ainsi qu’une belle créativité.

Karin, notre dame de la bienveillance

Avec Karin Serres


Karin Serres est une dramaturge, metteuse en scène et écrivaine française sollicitée par Nova Villa comme facilitatrice de la rencontre des écrivaines de théâtre.

Humble, discrète et bourrée de talent, elle a démontré pendant tous les échanges, combien le succès rend humbles les personnes réellement brillantes. Nos moments d’échanges, d’écriture en commun, nos discussions restent gravés en moi, comme autant d’instants de grâce. Je n’en finis pas de découvrir, au fil des jours, tout autant l’étendue du talent de Karin, que celle de sa bienveillance et de sa grâce, elle qui continue de nous accompagner, Yolande, Jeanne, Marcelle et moi, bien après la fin de notre collaboration rémoise. Eblouissante !

Geneviève l’inspirante
Geneviève Damas est une romancière belge à succès, invitée par Nova Villa dans le cadre d’un autre programme consacré aux romanciers. Lors d’une magistrale rencontre littéraire, elle a distillé avec une humilité incroyable, la recette de fabrication de son dernier succès de librairie « Jacky », un roman paru chez Gallimard.

Dédicace du dernier roman Jacky de Geneviève Damas à Cormontreuil

Inspirante et modeste tout à la fois, Geneviève qui, comme Karin, semble avoir découvert la fontaine de jouvence, est à elle toute seule, un atelier d’écriture ambulant. Comme les élèves de certains lycées belges ont de la chance de l’avoir pour leur apprendre à écrire…

Sadya et Tenin, la paire intelligente de Bamako

Sadya et Tenin en boubous blanc et noir blanc, côte à côte

Sadya Touré et Tenin Samaké sont deux journalistes et bloggeuses maliennes qui ont rejoint le programme « Ce que l’Afrique a à nous dire, voix de femmes » en cours de route. Je les ai trouvées très apprêtées, ce qui tombe sous le sens pour de jeunes dames, et très intelligentes, ce qui n’est par contre pas une évidence. Elles ont présenté avec enthousiasme toutes leurs initiatives pour donner la parole aux femmes dans leur pays. Chaleureuses et passionnées.

Patricia et Ndeye, éblouissantes de talent

Avec Patricia, Ndeye à l’arrière plan

Patricia Gomis est arrivée à Reims, flanquée de sa percussionniste Ndeye Seck, et les deux ont présenté un bouleversant spectacle de marionnettes sur les talibés, ces enfants mendiants des rues du Sénégal.

J’ai été d’emblée conquise par le talent de l’une et de l’autre. Patricia ensuite n’a pas arrêté de distiller son humour discret et ses encouragements à toute l’équipe, quand Ndeye, de sa percussion, a fait danser tout le monde, noirs et blancs et femmes et hommes mêlés.

Hélène, journaliste passionnée

Hélène Seingier, animant le colloque

Hélène Seingier est une journaliste au palmarès incroyable, qui a été sollicitée par Nova Villa, pour la médiation du colloque Voix de femme. Son professionnalisme et son allant sont toutes les recettes qui ont fondé mon choix de ce métier passionnant.

Azouz le distingué

Avec Azouz Begag

Azouz Begag a été ministre, il est chercheur, romancier à succès, il a remporté de nombreux prix… pas moins que ça. Nous l’avons eu à dîner la veille de mon départ, car il fait également partie des romanciers invités dans le cadre du programme à eux consacré. Et j’ai pu rencontrer un homme distingué, très apprêté, et tellement simple et sympathique. Rencontre inoubliable.

… et toutes ces sublimes professeures et enseignantes, avec leurs élèves.

Rencontre littéraire au lycée Libergier de Reims

Et oui, c’était toutes des femmes enthousiastes, toutes entières dédiées à leur vocation, qui m’ont toutes profondément émue, de la professeure du Lycée Hugues Libergier à celle de la classe de théâtre de Laon, en passant par toutes leurs collègues de Reims, de Donchéry et de Cormontreuil.

Et je n’aurais pas fini, sans avoir nommé celui par qui tout fut :

Giovanni, qui fit pleuvoir des humaines sur les pavés de Reims

Il n’était pas à proprement parler à Reims, du moins pas physiquement. Mais peut-on donc  vraiment considérer qu’il n’y était pas présent, à moins de minimiser le fait que son nom était dans toutes les conversations. Toutes les quatre filles du programme dédié aux écrivaines de théâtre, ont en effet découvert, au fil des discussions qu’il y avait un seul et unique fil conducteur entre Nova Villa, et elles : Houansou Giovanni, dramaturge béninois à succès, tout juste nimbé du triomphe de sa dernière création « Il pleut des humains sur nos pavés » à Limoges.

Giovanni était donc bel et bien à Reims, avec nous, dans nos cœurs à toutes.

À lui, à toutes, à tous, merci pour cette semaine inoubliable et à bientôt !

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